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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/490

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son développement historique.

dans la vie commune et le monde réel. Sans doute, par celte tendance, l’expression de la concentration religieuse et de la ferveur intérieure est affaiblie, mais l’art, pour arriver au sommet de son développement, avait besoin de cet élément mondain.

3o De cette fusion de la vie réelle, dans toute sa richesse, avec ce que le sentiment religieux renferme de plus intime et de plus profond, naquit un nouveau problème du plus haut intérêt, et dont la solution ne fut parfaitement donnée que par les grands maîtres du seizième siècle. Il s’agissait, en effet, de mettre en harmonie la profondeur mystique, le sérieux et l’élévation du sentiment religieux, avec ce sens de la vie extérieure, avec la libre actualité des caractères et des figures ; de faire en sorte, en même temps, que la forme du corps, dans son maintien, ses mouvements et sa couleur, au lieu d’être un simple squelette, fût en soi pleine d’animation et de vitalité ; et, grâce à la parfaite expression de toutes les parties, trahît une égale beauté, au physique et au moral.

Parmi les maîtres qui marchèrent vers ce but, il faut nommer particulièrement Léonard de Vinci. En effet, avec une justesse de jugement et une finesse de tact qui va presque jusqu’au raffinement, il pénétra, plus profondément qu’aucune autre n’avait fait avant lui, le secret des formes du corps humain et l’ame de leur expression ; de même que, par une habileté non moins profonde dans la technique de son