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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/491

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peinture.

art, il acquit une grande sûreté dans l’application des moyens que ses études lui avaient mis entre les mains. Il sut, en outre, conserver, dans la conception de ses sujets religieux, un sérieux plein de gravité. De sorte que ses personnages, tout en offrant l’apparence d’une réalité parfaitement vivante et humaine, et l’expression d’une sérénité douce, souriante, dans leur physionomie et leurs mouvements dessinés avec grâce, ne manquent pas cependant de l’élévation qui inspire la vénération pour la dignité et la vérité de la religion.

Mais la perfection la plus pure dans cette sphère, ce fut Raphaël seul qui l’atteignit. M. de Rhumor accorde spécialement en partage, à l’école ombrienne, depuis le milieu du quinzième siècle, une grâce naturelle à laquelle s’ouvrent tous les cœurs, et qui emprunte ce charme à la profondeur et à la tendresse du sentiment, aussi bien qu’à l’art merveilleux avec lequel ces peintres savent fondre les réminiscences à demi transparentes des tendances de l’ancien art chrétien avec les images plus douces du temps où ils vivaient. Sous ce rapport, ils ont surpassé leurs contemporains, Toscans, Lombards ou Vénitiens (Rech. Ital., II, p. 310). Cette expression de pureté sans tache, d’entier abandon à un sentiment tendre de douce mélancolie et de ravissement mystique, Pierre Perugin, le maître de Raphaël, savait aussi se l’approprier et la marier avec la vérité et la vitalité des formes extérieures, de même que pénétrer dans les détails de la vie