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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/499

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peinture.

tenus jusqu’ici dans l’unité, se brise, et dès lors, les particularités, dans leur individualité spécifique, avec leurs changements et leurs accidents mobiles, se prêtent aux modes les plus variés de conception et d’exécution pittoresques.

Pour apprécier parfaitement ici, comme nous l’avons fait voir ailleurs, le mérite de ce dernier développement de l’art, nous devons nous mettre sous les yeux, encore une fois, l’état national où il a pris naissance. Sous ce rapport, il nous faut maintenant sortir de l’église, abandonner les conceptions et les représentations de la piété religieuse pour le spectacle de la joie mondaine qu’excitent les objets et les phénomènes particuliers de la nature, ou pour les scènes paisibles de la vie domestique, avec ses jouissances honnêtes, sa bonne humeur, ses relations intimes ; de même que les solennités nationales, les fêtes, les danses rustiques, les amusements bouffons des kermesses. — La Réforme avait pénétré en Hollande ; les Hollandais s’étaient faits protestants ; ils avaient vaincu le despotisme clérical et monarchique de l’Espagne. Ici, nous ne trouvons, sous le rapport politique, ni une noblesse fière de ses privilèges, qui chasse ses princes ou ses tyrans, ou leur dicte des lois, ni un peuple agriculteur, des paysans opprimés qui secouent le joug comme les Suisses. C’est un peuple dont la partie de beaucoup la plus nombreuse, brave d’ailleurs sur terre, héroïque sur mer, se composait d’habitants des villes, d’industrieux et