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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/503

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peinture.

Dans les peintures d’aujourd’hui, au contraire, veut-on faire pareillement du piquant, on représente, presque toujours, quelque chose de foncièrement commun, de mauvais, d’immoral, sans comique qui réconcilie avec lui. C’est une méchante femme, par exemple, qui querelle son mari ivre, dans un cabaret, et cela de l’air le plus hargneux. Or, que voyez-vous là ? Rien, si ce n’est que cet homme est un débauché et sa femme une mégère.

Si nous voulons envisager les maîtres hollandais de ce point de vue, nous ne croirons plus que la peinture doit s’abstenir de pareils sujets et ne représenter que les mythes et les fables du paganisme, des madones, des crucifiements, des martyres, des papes, des saints et des saintes. Ce qui appartient à toute œuvre d’art appartient aussi à la peinture, savoir : le spectacle de tout ce qui est dans l’homme, dans l’esprit et le caractère humain, de ce qu’est l’homme, soit en général, soit pris individuellement. Cette conception de la nature morale de l’homme, de ses formes extérieures ou de ses manifestations vivantes, ce plaisir naïf et cette liberté artistique, cette fraîcheur et cette sérénité de l’imagination, cette hardiesse sûre d’elle-même dans l’exécution, constituent ici le caractère poétique qui se rencontre chez la plupart des maîtres hollandais de cette classe. Dans leurs ouvrages, on peut apprendre à connaître la nature humaine et les hommes. Aujourd’hui, au contraire, on ne nous met que trop souvent sous les yeux