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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/502

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son développement historique.

leur, de la lumière, du coloris en général. D’un autre côté, elle a poussé l’art de saisir le côté caractéristique des choses et de le rendre, de la manière la plus vivante, à un degré de vérité et de perfection qui ne peut être surpassé. Et si, maintenant, elle va de l’insignifiant et de l’accidentel jusqu’au rustique, jusqu’à la grossière et commune nature, ces scènes paraissent si bien pénétrées d’enjouement et de gaîté naïve que ce n’est pas le commun (qui comme tel, n’est que commun et repoussant), mais cette gaîté joviale et cette naïveté qui forment le sujet et le fond véritable du tableau. Nous n’avons, par conséquent, sous les yeux, aucun sentiment, aucune passion vulgaire, mais la vie champêtre rapprochée de la nature, dans ses conditions inférieures, avec ce quelle a de gai, de rusé et de comique. C’est dans cet abandon et ce sans-souci que consiste ici le moment idéal. C’est le dimanche de la vie qui égalise tout et qui éloigne toute idée du mal. Des hommes de si bonne humeur, qui se livrent de tout leur cœur à la joie, ne peuvent être réellement mauvais et méprisables. Il n’en est pas de même lorsque la méchanceté perce momentanément, et comme trait principal, dans un caractère. — Chez les Hollandais, le comique efface ce qu’il y a de mauvais dans la situation, et il est clair, en même temps, que les caractères peuvent encore être autre chose que ce qu’ils sont momentanément sous nos yeux. C’est cet enjouement et comique qui font le mérite inappréciable de ces tableaux.