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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/15

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musique.

rence et de l’illusion, dans la magie du clair-obscur, cette magie des couleurs est toujours un mode de configuration dans l’espace, une apparence étendue et permanente.

Or, maintenant, si l’esprit doit en réalité se manifester avec ce caractère de concentration intérieure dont le besoin se fait déjà sentir à la peinture, il faut aussi que l’élément physique qui y répondra ne puisse plus être de nature à conserver cette permanence. Par là, nous devons arriver à un moyen d’expression qui, dans sa forme sensible, n’ait plus rien d’étendu ni de fixe. Il faut maintenant des signes, des matériaux, un mode d’expression où s’effacent la durée et la consistance, dont le caractère soit de s’évanouir aussitôt qu’ils sont nés. Or, cette disparition complète non-seulement d’une des dimensions de l’étendue, mais de l’étendue totale, cette absorption complète de l’âme en elle-même, sous le rapport de l’expression extérieure comme du sentiment intime, s’accomplissent dans le deuxième des arts romantiques, dans la musique. La musique, sous ce rapport, forme le centre, proprement dit, de cette représentation dont le caractère particulier est d’exprimer l’âme en soi, aussi bien par la forme que par le fond, puisque cet art exprime le sentiment intérieur, et que même dans sa forme sensible, il offre encore quelque chose d’intime et d’invisible. En d’autres termes, au lieu de laisser l’élément sensible par lequel elle s’exprime se développer pour lui-même, comme font les arts figuratifs, au lieu de lui donner