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INTRODUCTION.

objectivité, la subjectivité la plus abstraite en soi seront seuls appropriés à l’expression musicale ; ce sera le moi dans sa simplicité, la personne sans autre contenu qu’elle-même. Donc le principal problème de la musique consistera, non à se faire l’écho harmonieux des objets extérieurs, mais à faire résonner les cordes les plus intimes de l’âme, et à reproduire tous les mouvements qui s’opèrent dans ce monde tout idéal.

3° La même observation s’applique aux effets de la musique. Ce à quoi elle prétend, c’est d’atteindre à la dernière limite de l’expression du sentiment ; elle est l’art du sentiment, et elle s’adresse immédiatement au sentiment lui-même. La peinture, aussi, comme nous l’avons vu, peut, il est vrai, exprimer également la vie et le sentiment intimes, les émotions et les passions du cœur, les situations, les luttes et les destinées de l’âme, dans la physionomie et les formes des personnages. Mais ce que nous avons sous les yeux dans ces tableaux, ce sont des images extérieures, dont le moi, comme personne intérieure, reste encore distinct. On a beau sympathiser avec la situation, avec le caractère des personnages, s’extasier sur les belles formes d’une statue ou d’un tableau, admirer l’œuvre d’art, s’identifier avec la pensée de l’artiste, s’en remplir et s’en pénétrer, cela ne suffit pas. Ces images n’en sont et n’en restent pas moins des objets réels qui existent par eux-mêmes, et à l’égard desquels nous ne sortons pas du rapport de contemplation. Dans la musique, au contraire, cette distinction disparaît. Ce qu’elle exprime