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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/26

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ses rapports avec les autres arts.

effet d’opérer une certaine délivrance de l’âme, de nous affranchir des besoins et des misères de l’existence finie, s’il est vrai que l’art adoucisse même les infortunes tragiques les plus terribles dont il offre le tableau idéal, qu’il transforme la douleur en jouissance, il faut reconnaître que la musique porte cet affranchissement à son plus haut degré. En effet, ce que les arts figuratifs obtiennent par la beauté plastique qui s’adresse aux yeux et en faisant ressortir, sous les traits particuliers d’une figure individuelle, l’homme total, la nature humaine en soi, le général et l’idéal, et en maintenant l’harmonie du tout, la musique doit le faire d’une tout autre manière.

Le sculpteur ou le peintre n’a qu’à faire ressortir et à dégager l’idée déjà enveloppée dans la conception, et qui naît du sujet, dé sorte que chaque partie, ne soit qu’un développement de la pensée totale, dont il doit s’inspirer. Ainsi une figure, dans une œuvre d’art plastique, exige, dans telle ou telle situation, un corps, des mains, des pieds, un tronc, une tête, avec telle expression, tel maintien, tel rapport avec d’autres figures, des accessoires etc. ; et chacune de ces parties appelle les autres pour se combiner avec elles, de manière à former un tout harmonieux et complet. Le développement du thème proposé se borne ici à une analyse exacte de ce qu’il renferme déjà en lui-même ; et plus vastes sont les dimensions de l’image ou du tableau offert à nos yeux, plus doit se concentrer l’unité, et se fortifier l’enchaînement des parties. L’expression la plus parfaite