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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/29

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musique.

unité plastique en ou d’adopter un procédé plus vivant et plus personnel, de s’abandonner à sa verve, de se permettre des digressions plus ou moins grandes, de se bercer çà et là, de s’arrêter capricieusement et de briser l’uniformité de sa marche, de se précipiter ensuite comme un fleuve impétueux qui déborde ses rives. Ainsi donc, si l’on doit recommander au peintre et au sculpteur d’étudier les formes de la nature, la musique n’a pas ainsi, en dehors de des formes propres, un cercle étranger dans lequel elle soit forcée de se renfermer. Ses lois et ses formes nécessaires sont celles des sons eux-mêmes, qui ne se lient pas d’une manière aussi étroite au caractère déterminé de la pensée à exprimer, et qui laissent, dans l’application, à la liberté du développement une vaste carrière.

Tels sont les points de vue principaux, sous lesquels on peut faire ressortir le contraste de la musique avec les arts du dessin, dont le caractère est plus objectif.

3o Par un autre côté, la musique a la plus grande affinité avec la poésie, puisque toutes deux se servent du même élément sensible : du son. Cependant ces deux arts, tant par la manière dont ils emploient les sons que par leur mode d’expression, offrent les plus grandes différences.

Dans la poésie, ainsi que nous l’avons vu dans la division générale des arts, le son n’est pas modulé et artistiquement façonné par divers instruments inventés par l’art. Au contraire, le son articulé de la voix est réduit à n’être qu’un simple signe oral; il conserve, par