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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/28

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ses rapports avec les autres arts.

ties, des dénouements. Mais, même dans un tel mode de composition, l’unité n’est pas, comme dans la sculpture et la peinture, plus profonde et plus concentrée ; elle est plutôt élargie, étendue. C’est une succession, une fuite et un retour : la pensée exprimée reste bien le centre général, mais elle ne maintient pas fortement l’unité du tout, comme dans les représentâtions des arts figuratifs, en particulier lorsque ceux-ci se bornent à reproduire l’organisme humain.

Par là, la musique se distingue des autres arts ; elle est trop près du libre monde de l’âme, qui est son élément, pour n’avoir pas le droit de se mettre plus ou moins au-dessus du sujet donné et de là pensée même qui en fait le fond. En se rappelant le thème donné, l’artiste prend aussi conscience de lui-même, il se souvient qu’il est artiste, qu’il peut se mouvoir librement et se porter où il veut. Distinguons toutefois ce libre procédé de fantaisie de la composition d’un morceau véritable et fini de musique ; celui-ci doit former un tout essentiellement organisé. Dans la libre fantaisie, la liberté est le but même ; de sorte que l’artiste a de plus encore la liberté d’intercaler des mélodies et des passages connus dans sa production momentanée, de donner à celle-ci un tour nouveau, d’employer les plus fines nuances, de profiter des plus légères transitions pour passer aux choses les plus hétérogènes.

Mais, en général, dans la composition d’un morceau de musique, l’artiste est libre ou de se maintenir dans des limites étroites, et d’observer, pour ainsi dire une