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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/41

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musique.

une existence permanente, une objectivité complète, aussi bien quant au fond que quant à la manifestation artistique extérieure. Le fond, c’est l’esprit dans son existence à la fois générale et individuelle, substantielle et animée, libre et indépendant de toute relation extérieure et ne reposant que sur lui-même. La forme, c’est la forme totale avec ses trois dimensions. Par conséquent, une œuvre de sculpture conserve, comme objet de contemplation, la plus grande indépendance. Le tableau, au contraire, comme nous l’avons vu (t. 3, p. 344), entre déjà davantage en communication intime avec le spectateur, tant à cause de l’idée qu’il représente que parce qu’il n’offre plus que la simple apparence de la réalité qu’il met sous nos yeux. Par là, il montre qu’il ne veut rien être pour lui-même qu’au contraire il est essentiellement fait pour le spectateur qui doit le contempler et le goûter. Néanmoins devant un tableau, aussi, il nous reste encore une certaine indépendance ; car nous avons toujours affaire à un objet qui a une existence extérieure, qui n’entre en rapport avec nous qu’en s’adressant à nos sens, et n’agit sur nous que par l’intermédiaire de notre sensibilité et de notre imagination. Le spectateur peut, par conséquent, aller çà et là devant l’œuvre d’art, remarquer ceci ou cela, analyser l’ensemble et les parties, faire à ce sujet diverses réflexions, et conserver ainsi une parfaite liberté en contemplant le tableau.

L’œuvre d’art musicale offre bien également, comme toute œuvre d’art, un commencement de distinction