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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 2, trad. Bénard, 1860.djvu/45

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musique.

s’établit entre le sentiment intérieur et la mesure du temps, qui constitue l’élément abstrait de la musique. En effet, le sentiment, comme conscience du moi dans sa simplicité et son unité, exclut l’idée de l’étendue. Or, le temps aussi est une négation de retendue ; c’est un mouvement idéal, et sa continuité se réduit à celle du point mobile ou de l’instant qui se détruit lui-même ; à peine l’instant actuel existe-t-il, qu’il s’évanouit dans un autre qui lui succède. Cette continuité du temps, dans sa mobilité, n’est donc pas la vraie identité du moi. Chaque moment est isolé et distinct de celui qui le suit. Il y a toutefois une analogie entre cette identité du temps et celle du sentiment du moi dans sa simplicité abstraite et dépouillée de toute pensée.

Il y a plus : si nous faisons abstraction des pensées et des impressions qui remplissent l’âme, celle-ci n’est plus qu’un changement vide, une substance continue qui se maintient dans la durée. C’est alors le temps qui est la base de notre existence. Maintenant, comme c’est le temps et non l’étendue qui est l’élément dans lequel se meut le son, déjà, en vertu de ce principe, la mesure du son pénètre dans le moi, le saisit dans son existence simple, le met en mouvement et l’entraîne dans son rhythme cadencé ; tandis que les autres combinaisons de l’harmonie et de la mélodie, comme expression des sentiments, ajoutent encore à ces effets (voy. 1re partie, p. 247). Telles sont les raisons qui rendent compte de la puissance élémentaire de la musique.

Mais maintenant, pour que la musique exerce toute