résonne une voix creuse ! c’était le corbeau qui croassait : Tête à bas ! Tête à bas !
« Je me disais : Oh, si je pouvais tuer quelque colombe, elle serait pour mon amie ! Et je furetais du regard les halliers.
« On dirait qu’on se becquète et qu’on se caresse de ce côté. Bien sûr, ce sont deux tourterelles ! Je m’avance sans bruit, le doigt sur la gâchette de mon arme. Que vis-je ! C’était ma propre bien-aimée.
« C’était ma colombe, ma fiancée. Un étranger la serrait sur son cœur. À toi ! vise bien, vieux tireur. Et voilà l’étranger qui baigne dans son sang.
« Peu après, une procession lugubre traversait la forêt, c’est moi que l’on traquait au supplice. Et du haut de son arbre, le corbeau croassa : Tête à bas ! Tête à bas ! »
Et les spectres en chœur éclatèrent de rire. Alors le ménétrier s’avança à son tour :
« J’ai chanté autrefois une belle chanson. Mais à présent elle est finie ; quand le cœur est brisé dans une poitrine, il n’est plus de chanson possible. »
Les fous rires redoublèrent, et la trompe fantomale se mit à tournoyer. Tout à coup, l’horloge du clocher sonna une heure ; alors les spectres en hurlant réintégrèrent leurs tombeaux.
J’étais couché et je dormais d’un très paisible sommeil ; chagrins et souffrances avaient fui ; alors je vis venir une figure de rêve, la plus belle de toutes les jeunes filles.
Elle avait la pâleur du marbre et merveilleuse était sa grâce ! ses yeux avaient le brillant de la perle, sa chevelure était étrangement ondulée.
Doucement, doucement, elle vient à moi, et sur mon cœur se penche la jeune fille pâle comme le marbre.