Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/219

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C’est toujours le même peuple de pantins pédants, — c’est toujours le même angle droit à chaque mouvement, et sur le visage la même suffisance glacée et stéréotypée.

Ils se promènent toujours aussi raides, aussi guindés, aussi étriqués qu’autrefois, et droits comme un I ; on dirait qu’ils ont avalé le bâton de caporal dont on les rossait jadis.

Oui, l’instrument de la schlague n’est pas entièrement disparu chez les Prussiens ; ils le portent maintenant à l’intérieur.

Leur longue moustache n’est tout bonnement qu’une nouvelle phase de l’empire des perruques : au lieu de pendre sur le dos, la queue vous pend maintenant sous le nez.

Je fus assez content du nouveau costume de cavalerie ; je dois en faire l’éloge : j’admire surtout l’armet à pique, le casque avec sa pointe d’acier sur le sommet.

Voilà qui est chevaleresque, voilà qui sent le romantisme du bon vieux temps, la châtelaine Jeanne de Montfaucon, les barons de Fouqué, Uhland et Tieck.

Cela rappelle si bien le moyen âge avec ses écuyers et ses pages, qui portaient la fidélité dans le cœur et un écu sur le bas du dos ;

Cela rappelle les croisades, les tournois, les cours