Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/220

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d’amour et le féal servage, et cette époque des croyants sans presse, où les journaux ne paraissaient pas encore.

Oui, oui, le casque me plaît ! il témoigne de l’esprit élevé de S. M. le spirituel roi de Prusse. C’est véritablement une saillie royale ; elle ne manque pas de pointe, grâce à la pique.

Seulement je crains, messires, quand l’orage s’élèvera, que cette pointe n’attire sur votre tête romantique les foudres plébéiennes les plus modernes.

À Aix-la-Chapelle, je revis à l’hôtel de la poste l’aigle de Prusse que je déteste tant ; il jetait sur moi des regards furieux.

Ah ! maudit oiseau ! si jamais tu me tombes entre les mains, je t’arracherai les plumes et je te rognerai les serres.

Puis je t’attacherai, dans les airs, au haut d’une perche, en point de mire d’un tir joyeux, et autour de toi j’appellerai les arquebusiers du Rhin.

Et le brave compagnon qui me l’abattra, je l’investirai du sceptre et de la couronne rhénane ; nous sonnerons des fanfares, et nous crierons : Vive le roi !


4

J’arrivai à Cologne le soir, assez tard ; j’entendis bruire la grande voix du Rhin ; je sentis l’air d’Allemagne