Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/236

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Elle me regardait d’une façon si sentimentale, si intime, si dévouée, si mélancolique ! À coup sûr, elle possédait une belle âme ; mais la chair était bien coriace.

On servit aussi sur un plat d’étain une tête de porc. Chez nous, en Allemagne, on garnit toujours de feuilles de laurier le front des cochons.


10

Au sortir de Hagen, il faisait nuit, et je sentais le froid me pénétrer jusqu’à la moelle des os. Je ne pus me réchauffer qu’à Unna, dans une auberge.

Je trouvai là une jolie fille qui me versa le punch d’un air amical. Ses cheveux bouclés étaient comme de la soie dorée, ses yeux doux comme les rayons de la lune.

Je retrouvai avec bonheur l’accent westphalien qui grasseye. Le punch rallumait mille doux souvenirs. Je pensai à ces bons frères de Westphalie,

Ces chers Westphaliens, avec qui j’ai si souvent bu à Gœttingue, jusqu’à ce qu’une douce émotion gagnât notre cœur, et que nous nous embrassions tendrement, et que nous tombions tendrement sous la table.