Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/235

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J’étais parti de Cologne à huit heures moins un quart du matin. Nous arrivâmes à Hagen vers les trois heures. C’est là que l’on dîne.

La table était mise. Là je retrouvai tout à fait la vieille cuisine germanique. Je te salue, choucroute ! Tes parfums sont enivrants !

Des châtaignes grillées dans des choux verts, comme celles que je mangeais jadis chez ma mère ! Salut stockfischs de la patrie ! comme vous nagez joyeusement dans le beurre ! que vous avez de l’esprit !

À tous les cœurs bien nés la patrie est chère ! J’aime aussi d’un beau brun doré les harengs saurs aux œufs !

Comme les saucissons babillent gentiment dans la graisse qui pétille ! Les grives, en bons petits anges rôtis avec de la compote de pommes, me gazouillent la bienvenue.

Sois le bienvenu, compatriote, me gazouillent-elles tout bas ; tu t’es absenté longtemps. Tu t’es longtemps diverti à l’étranger avec d’autres oiseaux.

Il y avait aussi sur la table une oie, tranquille et bonne créature. Peut-être qu’elle m’a aimé autrefois, quand nous étions jeunes tous les deux.