Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/274

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les temps primitifs, lorsque je fis ce serment d’après l’antique usage des patriarches.

Je levai la tunique de la déesse, et je mis la main sur ses hanches, en lui jurant d’être discret et de ne jamais, ni par mes paroles ni par mes écrits, divulguer ce que j’aurais vu.


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Les joues de la déesse étaient enflammées. Je crois que le rhum lui montait à la tête et gagnait la couronne, et elle me dit d’un ton mélancolique :

— « Je commence à vieillir ; je suis née le jour de la fondation de Hambourg. Ma mère était la reine des harengs, ici, à l’embouchure de l’Elbe.

« Mon père fut un grand monarque ; on le nommait Charlemagne. Il était encore plus puissant et même plus habile que Frédéric le Grand, roi de Prusse.

« Le trône où il s’assit le jour de son couronnement est à Aix-la-Chapelle. Celui dont il se servait la nuit, ma mère, ma bonne mère en hérita.

« Ma mère me le donna en mourant. C’est un meuble de peu d’apparence, mais pourtant Rothschild m’offrirait tout son or, que je ne m’en déssaisirais point.