Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/361

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Le jardin lui-même était comme un spectre vert qui me regardait en ricanant ; il se moquait de moi d’un air cruel, et du sein des buissons d’ifs j’entendais s’exhaler un soupir, un gémissement, un râle de mort.

Au bout de l’allée s’élevait la terrasse sous laquelle, là-bas, tout au fond, les vagues de la Mer Baltique, à l’heure du flux, viennent se briser avec fracas.

De là, la vue s’étend au loin sur la mer. J’y restais souvent plongé dans de sauvages rêveries. La tempête était aussi dans mon cœur. Quels grondements ! quelles colères ! quelles écumes de rage !

Oui, c’étaient des grondements, c’étaient des colères, c’étaient des écumes de rage au fond de mon cœur ; mais tout cela était impuissant comme les vagues elles-mêmes, qui venaient, malgré leurs fières allures, se briser en gémissant sur le dur rocher.

Je voyais avec envie passer les navires voguant vers les contrées heureuses ; mais le château ténébreux me tenait enchaîné dans ses liens maudits.


VII