Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/362

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RÉMINISCENCES

1

Laisse là les paraboles sacrées, laisse là les pieuses hypothèses ; essaie de nous résoudre sans ambages ces infernales questions :

« Pourquoi le juste se traîne-t-il sanglant, misérable, sous le fardeau de la croix, tandis que le méchant, heureux comme un triomphateur, se pavane sur son fier coursier ?

« À qui en imputer la faute ? Notre-Seigneur n’est-il pas tout-puissant, ou bien est-ce lui-même qui est l’auteur de ce désordre ? Ah ! vraiment ce serait lâche. »

Telles sont les questions que nous répétons sans cesse, jusqu’à ce qu’on nous ferme la bouche avec une poignée de terre ; — mais est-ce là une réponse ?

2

La femme noire avait pressé tendrement ma tête sur son cœur. Ah ! mes cheveux devinrent gris là où ses larmes avaient coulé.

Elle m’embrassa, et je fus paralysé ; elle m’embrassa, et je perdis mes forces ; elle me baisa les yeux, et je