Page:Heine - Poëmes et légendes, 1861.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

met à me parler, des larmes coulent de ses yeux, la pierre elle-même a pitié de moi !

Ce que j’ai vu là m’a ébranlé. Toi aussi, aie pitié de moi, ô Dieu ! envoie-moi le repos, et mets fin à cette tragédie affreuse.

8

Les jardins du ciel dans le paradis, dans le séjour des bienheureux, ne m’attirent nullement ; je n’y trouverai pas de femmes plus belles que celles que j’ai vues sur la terre.

Il n’y a pas d’ange, paré même des ailes les plus fines, qui pût remplacer pour moi ma femme. Chanter des psaumes sur un siége de nuages ne serait pas non plus précisément le passe-temps qui me convient.

Ô Seigneur ! le mieux, je crois, c’est que tu me laisses dans ce monde ; mais d’abord guéris mon pauvre corps et prends soin aussi de ma bourse.

Je le sais, ce monde est plein de péchés et de vices ; mais je suis accoutumé déjà à battre en flânant le pavé de bitume de cet enfer terrestre.

Le bruit du monde ne me gênera pas, car je sors rarement ; en robe de chambre et en pantoufles, j’aime à rester chez moi auprès de ma femme.

Laisse-moi près d’elle ! Quand je l’entends babiller,