Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/139

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Rome, a laissé en Angleterre sa femme Imogène. À Rome, Posthumus rencontre un jeune seigneur, nommé Jachimo, qui, pour séduire Imogène, ne demande qu’un moyen de s’introduire auprès d’elle. Jachimo offre un pari à Posthumus, et Posthumus accepte le pari. Il offre à Jachimo les moyens d’approcher sa femme absente, et d’éprouver sa fidélité. Si l’épouse est fidèle, Jachimo perd son pari. Si elle est infidèle, Posthumus perd son pari. Ceci passe le sens commun. La façon dont Jachimo joue son rôle est, s’il est possible, plus odieuse que le rôle lui-même. Quant à l’absurdité, et à l’ennui du drame, c’est ce qui ne peut pas s’exprimer.

Et les Commères de Windsor ! Quelle manière elles ont d’être honnêtes ! Comme elles entendent la vertu ! Et quelle vengeance ! Tout cela est aussi loin de la tragédie que de la comédie. C’est aussi loin d’être gai que d’être sérieux. À quel public avait donc affaire Shakspeare ? Le déguisement de Falstaff en sorcière, qui donc a trouvé le moyen de rire en face d’une si épaisse bêtise ? Il est à remarquer que, au milieu des plus bourgeoises farces, le souvenir détaillé des démons n’abandonne jamais Shakspeare. Ford, dans les Joyeuses Commères, dans l’accès de sa jalousie, consent à être appelé du même nom que les démons, et il cite plusieurs de ces noms-là, comme pour prouver que ses plus vulgaires préoccupations ne nuisent en rien à la science qu’il possède en dehors d’elles.