Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/18

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dace de spéculation, soit devenu une sorte de masque, dont s’affublent coquettement, pour faire figure dans le monde, la timidité des pensées, et la paresse des affirmations, et ce qui reste de pudeur aux négations : cela indigne Hello, cela le met hors de lui, et dans les Plateaux de la Balance, sa critique s’évade de cette anémiante atmosphère. Elle deviendrait volontiers injurieuse pour ceux qui s’y complaisent ; son attachement même pour la vérité chrétienne exacerbe son verbe et libère ses verdicts. Il va juger un Shakespeare, un Gœthe : il confronte ce qu’il sait de leur psychologie, ce qu’il croit deviner de leur métaphysique, avec les lumières qui s’offraient à leurs regards et qui pour eux eussent éclairé ciel et terre s’ils eussent voulu les retenir, s’ils eussent voulu les exploiter pour faire œuvre de beauté. Et voilà qu’Hello nous convie à reconstituer ce qu’auraient dû être le roi Lear, et Macbeth, et Hamlet, et ce qu’auraient dû être l’âme et le cerveau de l’auteur de Faust, si Shakespeare et si Gœthe avaient pleinement répondu à leur vocation, et s’ils avaient mieux connu, ou mieux écouté, ce que dit la foi chrétienne sur ce monde et sur l’autre. Corriger un Shakespeare, et vouloir recréer un Gœthe, n’est-ce point témérité, alors que l’humanité s’incline devant ce Shakespeare et devant ce Gœthe, alors qu’elle les admire, tels qu’ils furent ? Mais non, nous répondrait Hello : la sentez-vous satis-