Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/19

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faite, cette humanité, de l’admiration que pour eux elle éprouve ? Au-delà des salons où l’on doute élégamment, avec d’ironiques persiflages qui voudraient être gais, écoutez le romantisme, qui franchement soupire, et qui parfois sanglote. Les idolâtries esthétiques du romantisme procurent-elles ce bonheur qu’apporte la possession du vrai ?

Il y a du romantisme chez Hello, il y en a même beaucoup, mais sa foi l’a soustrait aux malaises du romantisme. C’est un autre intérêt qu’offre le livre des Plateaux, de définir ces malaises. Hello les ausculte avec pitié, presque avec miséricorde. Ces romantiques qui cherchent l’infini, qui en ont besoin, et qui se fourvoient dans la recherche, l’attendrissent. Leur siècle, on le sent, lui parait supérieur au dix-huitième. Eux du moins, ils cherchent un peu, si d’ailleurs ils n’ont pas trouvé ; le dix-huitième siècle ne voulait ni chercher ni trouver. Hello écrit son livre au moment où le scientisme dans le domaine de la pensée, au moment où l’école parnassienne dans le domaine de la poésie, avaient réagi contre l’inquiétude romantique et contre l’esthétique romantique ; ses pages sur le romantisme ressemblent à une oraison funèbre dans laquelle l’orateur, en traits sévères et inattendus, qualifierait le mauvais usage que fit le défunt de ses bons désirs, et même de ses bonnes intentions. Et l’on se reprend, en lisant ces pages, à songer à ce précurseur du romantisme, qui s’appela Chateaubriand.