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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/20

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Il avait ouvert à l’art romantique les écluses du courant chrétien : que résulte-t-il, quatre vingts ans plus tard, du jugement porté par Hello ? C’est que le romantisme est passé à côté du christianisme, et c’est que la Vérité est toujours insuffisamment exploitée, comme source de Beauté.

Lisez maintenant, dans les Plateaux, le chapitre sur l’Envie, le chapitre sur la Charité intellectuelle, dans lesquels Hello, par un retour amer sur lui-même et sur son ingrate destinée littéraire, entame le procès de l’opinion publique, de ses admirations iniques, de ses mépris iniques, et lui demande compte de tous les péchés d’omission qu’elle commet à l’endroit de ceux qui voudraient lui porter la lumière. Il s’épanche, soudainement, en âpres invectives ; on dirait que sourdement il réclame justice pour lui-même, pour ce qu’en lui-même il sent de génie. Il n’est pas découragé cependant, il continue ; sa balance est toujours là, avec un fléau qu’aucunes considérations humaines, qu’aucuns sentiments humains ne sauraient faire arbitrairement fléchir. Il est méconnu, lui penseur, mais le regard qu’il jette sur le monde des idées, des lettres et des âmes, lui montre que son Dieu est méconnu. Alors cette âme d’artiste susceptible, en qui l’humilité lutte sans cesse contre ce qui aurait pu devenir une hypertrophie du moi, en qui l’ascèse chrétienne corrige et mortifie sans cesse l’attitude romantique,