Aller au contenu

Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le sujet de son œuvre, ce sont les passions de la Destinée, en lutte avec les individus.

La comédie grecque nous présente, comme la comédie moderne, des caractères, mais Aristophane est beaucoup moins humain et beaucoup plus local que Molière. Les caractères de la comédie grecque ne sont absolument que des caractères grecs ; aussi n’ont-ils aucun intérêt éternel : la postérité ne les connaît pas. La comédie grecque s’occupe toujours de la patrie, jamais de l’humanité. Il faut, pour la comprendre, savoir quel était, après les guerres médiques, l’orgueil d’Athènes, reine des îles de la mer Égée, qui se croyait aussi reine de l’esprit humain. Si Aristophane eut sur le sort de Socrate une influence si décisive, c’est qu’il voyait, dans cet homme, non l’individu qui portait le nom de Socrate, mais le représentant véritable du caractère athénien, le plus subtil des sophistes, le professeur d’ironie.

Nous avons jeté un coup d’œil sur la tragédie française, nous avons trouvé des conventions, des passions, des héros ; nous avons regardé la comédie moderne, nous avons trouvé des caractères ; nous avons interrogé la tragédie antique, elle nous a répondu : Fatalité ! Si nous interrogions la comédie antique, elle nous montrerait, comme la comédie moderne, des caractères, mais ce seraient des caractères de peuples, et non plus des caractères d’hommes. Ne verrons-nous pas l’âme apparaître ?