Aller au contenu

Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aspect intérieur, est pathétique, devient comique quand on la regarde du dehors, au point de vue de l’erreur humaine qui a produit un accident.

Le pathétique est l’endroit de la chose qui, montrée à l’envers, devient comique.

Voilà pourquoi Molière est si triste. Tous les tableaux qu’il présente sont lugubres. Mais il ne montre que l’envers de la situation. Quelquefois l’aspect comique d’un événement est plus déchirant que l’aspect pathétique du même événement : c’est que, dans le comique, le pathétique est sous-entendu, et quelquefois les choses sous-entendues parlent plus haut que les choses dites. Molière est beaucoup plus triste que Racine assurément.

Racine semble chercher le pathétique. Molière semble le fuir, le trouver en le fuyant, et jeter sur lui un voile transparent qui s’appelle le comique.

Les passions humaines sont tristes quand on les regarde dans leur cause, qui est l’erreur, et dans leur effet, qui est le malheur.

Elles sont comiques quand on les regarde sous un certain angle, quand on considère, par un côté accidentel, l’erreur qui les produit, et par son côté accidentel, la méprise qu’elles produisent.

Alceste s’étonne quelque part d’être plaisant, parce qu’il voit rire autour de lui. La Harpe croit qu’ Alceste est en effet très plaisant par cela même qu’il se croit bien sérieux.