Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/61

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demander à Dieu de nous prêter sa vie, afin d’aimer divinement. Se convertir, c’est se livrer sans mesure et sans réserve aux ardeurs inextinguibles de l’amour immense !

Ceux qui prenaient l’ennui calme du romantique dégoûté pour une conversion, feront bien de remarquer un symptôme assez curieux, qui se manifeste en ce moment. L’homme de 1830, qui a voulu une religion nouvelle, et qui, ne la trouvant pas, a fait le mort pendant quelques années, s’il ne se convertit pas aux ardeurs dévorantes de la Religion éternelle, va, entendez-le bien, plutôt que de dormir toujours, recommencer ses anciennes illusions, et revenir à ses vingt ans. Ses vingt ans l’ont trompé ; soit. Ses cinquante ans le trompent encore davantage. Il aime mieux courir sans jamais tenir que s’ennuyer toujours sans tenir et sans courir. Ainsi, voyez ! on reprend des vieilleries : les murs de Paris sont couverts de vieilles affiches. L’ancien mélodrame, que j’aimais tant à l’époque où je n’aimais rien ; l’ancien mélodrame, qui trompait ma soif, et dont j’ai tant ri depuis, l’ancien mélodrame revient. Il revient avec les cris féroces, avec les fureurs et les désespoirs qui ébranlaient, il y a quelques années, les murs des théâtres. Que voulez-vous ? l ’homme aime mieux cela que rien. L’homme a besoin d’une pâture. Quand il n’a pas de pain, il s’empoisonne. Il lui faut quelque chose, à cette impérieuse nature humaine, et, quand elle ne se nourrit pas du feu divin