Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/87

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parce que nous sommes habitués à admirer l’Occident et à mépriser l’Orient. Qui de nous n’a enveloppé Léonidas de son admiration et Xerxès de son dédain ? Il semble que la supériorité des Grecs sur les Perses soit chose jugée, qu’elle ait force de loi et que tout soit dit sur ces deux peuples en thèmes latins, en version latine, surtout en version grecque, et même en vers latins. Cependant, la nature des Perses était de beaucoup supérieure à la nature des Grecs. Les Perses étaient larges, ils avaient l’amour oriental de la magnificence, et l’amour vénérable de l’universalité. Ils avaient des traditions plus hautes, des souvenirs plus grands, des regrets plus humains, des désirs plus profonds. Les Grecs ne voyaient qu’eux sur la carte du monde ; leur pensée avait la forme de leur architecture.

Une ambition dégradée qui devint dégradante, la mauvaise foi, l’injustice, la cupidité, l’orgueil, l’oppression des peuples qu’elle devait protéger, tous les crimes du luxe égaré et de la richesse prostituée au mal, lancèrent la Perse dans l’abîme. L’histoire la quitte, mais la salue en la quittant, car elle a protégé le peuple de Dieu, elle a parlé au monde le langage de la splendeur.

La Grèce fut l’école des nations, leur gymnase : elle fut la discipline intellectuelle de l’antiquité. Elle réglementa la science de l’esprit ; elle fut subtile, elle eut les aptitudes qui récompensent un exercice assidu. Elle ignora