Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/97

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et se perd dans le néant, mais le souvenir des deux abîmes persiste dans son sommeil : car il doit s’appeler Thomas Didyme, comme celui qui l’a baptisé.

Telle est la cause évidente des victoires continuelles de l’Orient sur l’Occident. L’Orient n’a pour armes que ses ailes et ses regards, l’espace et la lumière ! Quand il a perdu ses ailes, ses regards, l’espace et la lumière, l’Orient se couche et meurt.

L’Occident, quand il est sans lumière, rit, badine, plaisante dans l’obscurité, plaisante parce qu’il voit ses bras forts, ses pieds agiles, remplace, comme il veut, la vie par la fièvre, et pique à coups d’épingles, pour s’amuser, le géant de l’Inde endormi, qui crie dans son sommeil et ne se réveille pas. El l’Occident se vante dans son triomphe facile, parce qu’il a vaincu, par les ruses de guerre, l’Orient vaincu d’avance, qui crie dans son sommeil et ne se réveille pas. Il faut, pour le réveiller, une voix plus douce et plus haute. Il faut la foudre, la brise et l’aurore. J’indique ici dans l’Orient et dans l’Occident la présence typique d’un des éléments de la vie : cette présence n’exclut aucun autre élément, il est clair que ni l’Occident n’est privé de grâce, ni l’Orient de liberté.

Aussi l’Occident fidèle vient de parler la parole qui, ébranlant les neiges vierges au sommet des montagnes, réveillera doucement, dans la joie et dans la gloire, les hauteurs endormies.