Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 1.djvu/243

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Aussi le luxe n’est-il jamais extrême, lorsque le partage des richesses n’est

    quelques gens, qui remet l’équilibre entre les fortunes des citoyens. Ma réponse à ce raisonnement, c’est qu’il ne produit point cet effet. Le luxe suppose toujours une cause d’inégalité de richesses entre les citoyens ; or cette cause, qui fait les premiers riches, doit, lorsque le luxe les a ruinés, en reproduire toujours de nouveaux. Si l’on détruisoit cette cause d’inégalité de richesses, le luxe disparoîtroit avec elle. Il n’y a pas de ce qu’on appelle luxe dans les pays où les fortunes des citoyens sont à-peu-près égales. J’ajouterai à ce que je viens de dire, que, cette inégalité de richesse une fois établie, le luxe lui-même est, en partie, cause de la reproduction perpétuelle du luxe. En effet, tout homme qui se ruine par son luxe transporte la plus grande partie de ses richesses dans les mains des artisans du luxe ; ceux-ci, enrichis des dépouilles