Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 1.djvu/281

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fication de ce mot amour-propre ne souleva-t-elle pas de gens contre cet illustre auteur ! On prit l’amour-propre pour orgueil et vanité, et l’on s’imagina en conséquence que M. de la Rochefoucauld plaçoit dans le vice la source de toutes les vertus. Il étoit cependant facile d’appercevoir que l’amour-propre, ou l’amour de soi, n’étoit autre chose qu’un sentiment gravé en nous par la nature ; que ce sentiment se transformoit dans chaque homme en vice ou en vertu, selon les goûts et les passions qui l’animoient ; et que l’amour-propre, différemment modifié, produisoit également l’orgueil et la modestie.

La connoissance de ces idées auroit préservé M. de la Rochefoucault du reproche tant répété qu’il voyoit l’humanité trop en noir ; il l’a connue telle qu’elle est. Je conviens que la