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DE L’HOMME.

problême moral également digne de l’attention du ministre et du philosophe.

(6) De grandes richesses sont-elles réparties entre un grand nombre de citoyens ? chacun d’eux vit dans un état d’aisance et de luxe par rapport aux citoyens d’une autre nation, et n’a cependant que peu d’argent à mettre en ce qu’on appelle magnificence. Chez un tel peuple le luxe est, si je l’ose dire, national, mais peu apparent. Au contraire, dans un pays où tout l’argent est rassemblé dans un petit nombre de mains, chacun des riches a beaucoup à mettre en somptuosité. Un tel luxe suppose un partage très inégal des richesses de l’état, et ce partage est sans doute une calamité publique. En est-il ainsi de ce luxe national qui suppose tous les citoyens dans un certain état d’aisance, et par conséquent un partage à-peu-près égal de ces mêmes richesses ? Non : ce luxe, loin d’être un malheur, est un bien public. Le luxe, par consé-