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NOTES DE LA SECTION VI.

y a de proportion dans la fortune des citoyens. Or, cette grande disproportion, toujours un mal en elle-même, devient encore un plus grand mal par la multiplicité des goûts qu’elle engendre. Ces goûts contractés, on veut les satisfaire. Il faut à cet effet d’immenses trésors. Point de bornes alors au desir des richesses. Vertu, honneur, patrie, tout est sacrifié à l’amour de l’argent.

Dans les pays, au contraire, où l’on se contente du nécessaire, l’on est heureux, et l’on peut être vertueux. Le luxe excessif, qui presque par-tout accompagne le despotisme, suppose une nation déja partagée en oppresseurs et en opprimés, en voleurs et en volés. Mais, si les voleurs forment le plus petit nombre, pourquoi ne succombent-ils pas sous les efforts du plus grand ? À quoi doivent-ils leur salut ? À l’impossibilité où se trouvent les volés de se donner le mot et de se rassembler le même jour. D’ailleurs, l’oppresseur, avec l’argent déja pillé, peut