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DE L’HOMME,

lettres de compliments, écrits avec dégoût, et lus de même.

L’oisif voudroit éprouver à chaque instant des sensations fortes : elles seules peuvent l’arracher à l’ennui. À leur défaut, il saisit celles qui se trouvent à sa portés. Je suis seul ; j’allume du feu : le feu fait compagnie. C’est pour éprouver sans cesse de nouvelles sensations que le Turc et le Persan mâchent perpétuellement, l’un son opium, l’autre son bétel.

Le sauvage s’ennuie-t-il ? il s’assied près d’un ruisseau, et fixe les yeux sur le courant. En France, le riche, pour la même raison, se loge chèrement sur le quai des Théatins. Il voit passer les bateaux ; il éprouve de temps en temps quelques sensations. C’est un tribut de trois ou quatre mille livres que l’oisif paie tous les ans à l’ennui, et dont l’homme occupé