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DE L’HOMME,

Il faudroit, pour le bonheur même du prince et de sa postérité, fixer, en fait d’impôts, les limites immuables qu’on ne doit jamais reculer. Du moment où la loi, comme un obstacle insurmontable, s’opposera à la prodigalité du monarque, les courtisans mettront des bornes à leurs desirs et à leurs demandes ; ils n’exigeront point ce qu’ils ne pourront obtenir.

Le prince en sera-t-il moins heureux ? Il aura sans doute près de lui moins de courtisans, et des courtisans moins bas ; mais leur bassesse n’est peut-être pas si nécessaire qu’on le croit à sa félicité. Les favoris d’un roi sont-ils libres et vertueux ? le souverain s’accoutume insensiblement à leur vertu : il ne s’en trouve pas plus mal, et ses peuples en sont beaucoup mieux.