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SECTION VI, CHAP. XII.

où l’on ignoreroit le prix de l’argent peut-être ne pourroit-on l’y introduire sans crime.

Un peuple sans argent, s’il est éclairé, est communément un peuple sans tyrans[1]. Le pouvoir arbitraire s’établit difficilement dans un royaume sans canaux, sans commerce, et sans grands chemins. Le prince qui leve ses impôts en nature, c’est-à-dire en denrées, peut rarement soudoyer et rassembler le nombre d’hommes nécessaire pour mettre une nation aux fers.

Un prince d’orient se fût difficilement assis et soutenu sur le trône de

  1. On pourroit dire aussi sans ennemis. Qui se proposera d’attaquer un pays où l’on ne peut gagner que des coups ? On sait d’ailleurs qu’un peuple tel que les Lacédémoniens, par exemple, est invincible s’il est nombreux.