Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 10.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
DE L’HOMME,

Mais convenir que dans l’établissement d’une nouvelle colonie on doit s’opposer à l’introduction de l’argent, c’est convenir avec les moralistes austeres du danger du luxe. Non ; c’est avouer simplement que la cause du luxe, c’est-à-dire le partage trop inégal des richesses, est un mal (19). C’en est un en effet ; et le luxe est, à certains égards, le remede à ce mal. Au moment de la formation d’une société l’on peut sans doute se proposer d’en bannir l’argent ; mais peut-on comparer l’état d’une telle société à celui où se trouvent maintenant la plupart des nations de l’Europe ?

Seroit-ce dans des contrées à moitié soumises au despotisme, où l’argent eut toujours cours, où les richesses sont déja rassemblées en un petit nombre de mains, qu’un esprit sensé formeroit un pareil projet ? Supposons