Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 10.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
SECTION VI, CHAP. XVI.

talents, et de la vertu (25). Je le sais : mais comment imaginer qu’on puisse mépriser l’argent qui soulagera l’homme dans ses besoins, qui le soustraira à des peines, et lui procurera des plaisirs ? Il est des pays où l’amour de l’argent devient le principe de l’activité nationale, où cet amour, par conséquent, est salutaire. Le plus vicieux des gouvernements est un gouvernement sans principe moteur (26). Un peuple sans objet de desirs est sans action : il est le mépris de ses voisins. Cependant leur estime importe plus qu’on ne pense à sa prospérité (27).

En tout empire où l’argent a cours, où le mérite ne conduit ni aux honneurs ni au pouvoir, que le magistrat se garde bien d’affoiblir ou d’éteindre dans les citoyens le desir de l’argent et du luxe. Il étoufferoit en eux tout principe de mouvement et d’action.