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SECTION VIII, CHAP. XIII.
sente à moi sous une forme nouvelle.
La durée de la même sensation nous y rend à la longue insensibles ; et de là cette inconstance et cet amour de la nouveauté commun à tous les hommes, parceque tous veulent être vivement et fortement émus[1]. Si tous les objets affectent fortement la jeunesse, c’est que tous sont neufs pour elle. En fait d’ouvrages, si la jeunesse a le goût moins sûr que l’âge mûr, c’est que cet âge est moins sensible, et que la sûreté du goût suppose peut-être une certaine difficulté d’être ému. On veut l’être. Ce n’est pas assez que le plan d’un ouvrage soit neuf,
- ↑ L’ouvrage le plus méprise n’est point l’ouvrage plein de défauts, mais l’ouvrage vuide de beauté ; il tombe des mains du lecteur, parcequ’il n’excite point en lui de sensations vives.