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DE L’HOMME,

on desire, s’il est possible, que tous les détails le soient pareillement. Le lecteur voudroit que chaque vers, chaque ligne, chaque mot, excitât en lui une sensation. Aussi Boileau dit à ce sujet, dans une de ses épîtres, Si mes vers plaisent, ce n’est pas que tous soient également corrects, élégants, harmonieux ;

Mais mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose.

En effet, les vers de ce poëte présentent presque toujours une idée ou une image, et par conséquent excitent presque toujours en nous une sensation. Plus elle est vive, plus le vers est beau[1]. Il devient sublime lorsqu’il fait sur nous la plus forte impression possible. C’est donc à sa

  1. Plus on est fortement remué, plus on est heureux, lorsque l’émotion cependant n’est point douloureuse. Mais dans quel état éprouve-t-on le plus de ces