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DE L’HOMME,

gées par la nature en mille climats divers.

C’est le pouvoir d’abstraire qui, dans les contes et les romains, crée ces pygmées, ces génies, ces enchanteurs, ces princes lutins, enfin ce Fortunatus dont l’invisibilité n’est que l’abstraction des qualités apparentes des corps. C’est, si je l’ose dire, au pouvoir d’élaguer d’un objet tout ce qu’il a de défectueux[1], et de créer des roses sans épines, que l’homme encore doit presque toutes ses peines et ses plaisirs factices.

  1. Qui présenteroit sur la scene une action tragique telle qu’elle s’est réellement passée courroit grand risque d’ennuyer les spectateurs. Que doit donc faire le poëte ? Abstraire de cette action tout ce qui ne peut faire une impression vive et forte.