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SECTION VIII, CHAP. XIX.

Par quelle raison, en effet, attend-on toujours de la possession d’un objet plus de plaisir que cette possession n’en procure ? Pourquoi tant de déchet entre le plaisir espéré et le plaisir senti ? C’est que, dans le fait, on prend le temps et le plaisir comme ils viennent, et que, dans l’espérance, on jouit de ce même plaisir sans le mélange des peines qui presque toujours l’accompagnent.

Le bonheur parfait et tel qu’on le desire ne se rencontre que dans les palais de l’Espérance et de l’Imagination. C’est là que la poésie nous peint comme éternels ces rapides moments d’ivresse que l’amour seme de loin en loin dans la carriere de nos jours. C’est là qu’on croit toujours jouir de cette force, de cette chaleur de sentiments, éprouvée une fois ou deux dans la vie, et due sans doute