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DE L’HOMME,

la passive oisiveté. Tout la dégoûte. C’est ce dégoût universel qui la rend juge si sévere des beautés des arts, et qui lui fait exiger tant de perfection dans leurs ouvrages. Plus sensible et moins ennuyée, elle seroit moins difficile.

Quelles impressions vives les arts d’agrément exciteroient-ils dans l’oisif ? Si les arts nous charment, c’est en retraçant, en embellissant à nos yeux l’image des plaisirs déja éprouvés ; c’est en rallumant le desir de les goûter encore. Or, quel desir réveillent-elles dans un homme qui, riche assez pour acheter tous les plaisirs, en est toujours rassasié ?

En vain la danse, la peinture, les arts enfin les plus voluptueux et le plus spécialement consacrées à l’amour, en rappellent l’ivresse et les transports ; quelle impression feront-ils