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DE L’HOMME,

Je l’ai déja dit, l’homme reçoit deux éducations : celle de l’enfance ; elle est donnée par les maîtres : celle de l’adolescence ; elle est donnée par la forme du gouvernement où l’on vit, et les mœurs de sa nation. Les préceptes de ces deux parties de l’éducation sont-ils contradictoires ? ceux de la premiere sont nuls.

Ai-je dès l’enfance inspiré à mon fils l’amour de la patrie ? l’ai-je forcé d’attacher son bonheur à la pratique des actions vertueuses, c’est-à-dire des actions utiles au plus grand nombre ? si ce fils, à sa premiere entrée dans le monde, voit les patriotes languir dans le mépris, la misere et l’oppression ; s’il apprend que, haïs des grands et des riches, les hommes vertueux, tarés à la ville, sont encore bannis de la cour, c’est-à-dire de la source des graces, des honneurs et des