Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 12.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
DE L’HOMME,

trie ? S’il est sans cesse obligé de repousser la force par la force pour assurer son bonheur, peu lui importe d’être juste, il lui suffit d’être fort. Or, dans un gouvernement arbitraire, quel est le fort ? Celui qui plaît aux despotes et aux sous-despotes. Leur faveur est une puissance. Pour l’obtenir rien ne coûte. L’acquiert-on par la bassesse, le mensonge et l’injustice ? on est bas, menteur et injuste. L’homme franc et loyal, déplacé dans un tel gouvernement, y seroit empalé avant la fin de l’année. S’il n’est point d’homme qui ne redoute la douleur et la mort, tout scélérat peut toujours en ce pays justifier la conduite la plus infâme.

Des besoins mutuels ont forcé les hommes à se réunir en société. S’ils ont fondé des villes, c’est qu’ils ont trouvé plus d’avantage à se rassembler