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DE L’HOMME,

de la faim, qu’il apprend à courber l’arc, à décocher la fleche, à tendre le filet, à se couvrir de peaux, à construire des huttes, etc. Tant que les individus épars dans les forêts continuent de les habiter, il n’est point pour eux d’éducation morale. Les vertus de l’homme policé sont l’amour de la justice et de la patrie : celles de l’homme sauvage sont la force et l’adresse ; ses besoins sont ses seuls instituteurs, ce sont les seuls conservateurs de l’espece, et cette conservation semble être le seul vœu de la nature.

Lorsque les hommes, multipliés, sont réunis en société, lorsque la disette des vivres les force de cultiver la terre, ils font entre eux des conventions, et l’étude de ces conventions donne naissance à la science de l’éducation. Son objet est d’inspirer aux