Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/100

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Mais, dira-t-on, quels biens produisit le commerce ?
D’un espoir fastueux vainement on nous berce :
Le luxe qui le suit dans les états divers
N’a-t-il pas augmenté les maux de l’univers ?
Que de maux, en effet, sont prêts à s’introduire
Chez le peuple où le luxe établit son empire !
L’artisan y gémit sous le faix des impôts ;
Le courage avili s’y perd dans le repos ;
Le puissant sans pudeur y brigue l’esclavage :
De sa soumission son faste est un ôtage.
Ces superfluités, ce faste, ces plaisirs,
Ces vains amusements qui charment nos loisirs,
Ce commerce, ces arts dont chaque ville abonde,
Sont moins les bienfaiteurs que les fléaux du monde.
Mais le mal que nous fait notre luxe effronté
Au luxe proprement doit-il être imputé ?
N’est-il pas un effet d’une cause étrangère,
Le produit d’un pouvoir avide et sanguinaire ?
Les hommes, par leurs lois sages ou corrompus,
Doivent à leurs tyrans leurs vices, leurs vertus.
Dans nos heureux climats, le luxe, la dépense,
Amuse la richesse, et nourrit l’indigence.
Qui peut contre le luxe armer les souverains ?
Seroient-ce les plaisirs qu’il procure aux humains ?