Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les arts ont fécondé nos campagnes stériles,
De riches monuments ont embelli nos villes,
Et dans les cœurs enclins à la férocité
Substitué la tendre et noble humanité.
Nos plaisirs variés sont leurs bienfaits encore,
Et même avec dépit l’ignorant les honore.
Pour le charme des yeux je vois dans les fourneaux
L’industrieux artiste amollir les métaux,
Leur donner à son gré cent formes agréables ;
Dans des creusets ardents il a fondu ces sables
Qui doivent répéter à mon œil enchanté
Les objets de mon luxe et de ma vanité.
L’artiste a battu l’or ; il en étend les lames ;
De nos riches brocards sa main ourdit les trames ;
Il en croise les fils, et ses heureux efforts
De ces fils nuancés semblent tirer les corps.
Amis du riche oisif, les arts cherchent sans cesse
A le soustraire aux maux de l’ennui qui le presse.
De tout ce que la terre ou renferme ou produit
Leur main a composé le bonheur qui le fuit.
Colomb dans ce dessein fend les plaines de l’onde,
Et rapporte avec lui, du sein d’un autre monde,
Et de nouveaux besoins et de nouveaux desirs,
Germes qui produiront nos maux et nos plaisirs.