Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/105

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Ces arts auroient comblé notre premier desir.
Qui peut de ses besoins distinguer le plaisir ?
C’est un présent du ciel fait par l’Être suprême.
Quoi qu’en dise un dévot, c’est un bien en lui-même.
Il en est du plaisir ainsi que des honneurs :
Par les soins vigilants de ses dispensateurs
Est-il le prix d’un acte injuste ou légitime,
Il nous porte aux vertus, ou nous entraîne au crime.
Éclairant les mortels, ou trompant leur raison,
Tour-à-tour il devient et remede et poison.
Le plaisir, dirigé par une main habile,
Dans tout gouvernement est un ressort utile.
Aux champs íduméens voyez cet imposteur
Éveiller la discorde et répandre l’erreur.
Par quels moyens sut-il, favori de la gloire,
A ses drapeaux sanglants enchaîner la victoire ?
Par quel art, abusant les crédules humains,
Échauffoit-il les cœurs de ces fiers Sarrasins
Qui, toujours affamés de sang et de carnage,
Courboient l’orgueil des rois au joug de l’esclavage ?
L’univers consterné plioit sous leurs efforts :
Le fourbe, du plaisir employant les ressorts,
A côté des travaux placoit la récompense ;
Il flattoit les desirs ; et, sûr de leur puissance,